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Joseh JOLINON, soldat au 370ème RI

J'adresse mes plus vifs remerciements à Marie-Laure, sa petite fille, qui m'a autorisé à publier cette fiche. Je n'oublie pas Jacqueline LAPIERRE pour ses recherches dans les archives familiales.


Jean-Baptiste, Joseph naît le 9 décembre 1885 à La Clayette  (71). Il est le
fils  aîné de Jean-Baptiste et de Benoîte RAVIER. Son père était drapier, 55 Grande rue.


La Grande rue de La Clayette


Il suit des études de droit à la faculté de droit de Lille.Matricule 287 de la classe 1904 du centre de recrutement de Mâcon,

il s'engage le 7 octobre 1905 au 134ème RI de Mâcon. Le 18 octobre 1906, il demande et obtient le droit de poursuivre ses études et quitte l’armée.

La caserne Duhesmes

Il est mobilisé le 3 août 1914 dans le 370eme Régiment d'infanterie.
Il est affecté à la 18ème Compagnie du 5ème Bataillon (Capitaine AUDRAIN - Lieutenant de LOYNES d'ESTREES)
La caserne Contades  à Epinal
Le 370ème RI est le régiment de réserve issu du 170ème RI. Le 370ème fait partie de la
141ème Brigade de la 71ème Division. Elle n’est pas rattachée à une armée et sera déplacée
selon les besoins, d’une armée à l’autre. Au moment où la guerre est déclarée, elle est
rattachée à la Ière Armée.

Le régiment est chargé du secteur Col Sainte Marie / col du Bonhomme dans les Vosges.



Devant la pression allemande (pas d’artillerie française en nombre suffisant pour bloquer
l’avancée ) le régiment recule jusqu’à Golbey (proche d’Epinal dans les Vosges)



Après avoir tenu le col du Bonhomme, le régiment est chargé d’organiser la défense d’Epinal
(Septembre 1914).
La IIème Armée à la suite des combats victorieux de la Mortagne, avance jusqu’au col de la Chapelotte que le 370ème est chargé d’organiser et de défendre.


La position du 370ème le 6 septembre 1914 
Joseph passe en mars 15 comme téléphoniste au PC du colonel du 370ème à Rambervillers (Vosges)
Le régiment restera dans le secteur jusqu’au 10 juin puis, après un repos au camp de Saffais (près de Dombasle sur Meurthe- SE de Nancy), il est dirigé vers Haudainville (SE de Verdun), le 1er juillet.

En juin 16, la 71ème DI est rattachée au 6ème Corps d’Armée  de la IIème Armée.

Le régiment interviendra notamment lors des attaques du Bois Fumin au sud de Damloup vers le  fort de Vaux. et le tunnel de Tavannes.


Joseph est dans la compagnie des téléphonistes.  




Le matériel de téléphonie que les hommes devaient installer
sous les tirs des mitrailleuses et des canons
Pour la première fois, Joseph est chargé de la défense de 7 soldats, accusés de désertion, d'abandon de poste , d'absence illégale ou de refus d'obéissance devant le conseil de guerre de la 71ème DI qui se tient à Haudainville (Meuse).

Le 26 juillet, le régiment est envoyé à Vauquois (W de Verdun) où se déroulent les combats pour la conquête de la butte..

Le 23 décembre, le régiment est relevé de Vauquois.

Suite à un remaniement de divisions, le 370ème RI passe à la 170ème DI du 21ème Corps d’Armée  de la IIème Armée., le CA passant à la VIème Armée en juin.

Il vient sur  l’Aisne où se déroule la bataille du Chemin des Dames dans le secteur de Coeuvres.
Le 2juin, le régiment reçoit l'ordre d'aller au front à Bucy-le-Long.

Bucy-le-Long au N de Soissons ( la ligne rouge matérialise le front le 2 juin 1917)

Le 3 juin, le régiment se mutine et refuse de retourner aux combats. On estimera à 407 le nombre des mutins. 31 d’entre eux (ceux considérés comme les meneurs) sont traduits devant le Conseil de guerre qui se tient au Palais de Justice de Soissons.  Joseph, comme avocat dans le civil, sera chargé de la défense de deux d'entre eux.17 seront condamnés à mort,  un seul sera exécuté (il n'était pas défendu par Joseph).

Le soldat Joseph RUFFIER du 370ème, sera condamné à mort en qualité de chef ou de meneur
 (il avait déjà été condamné 2 fois pour refus d’obéissance) et exécuté le 6 juillet 1917 au dépôt du régiment de Saint Pierre- Aigles.


Joseph relatera ce tragique évènement dans son livre « Le Valet de Gloire », écrit en 1923. Cela lui vaudra un échange épistolaire très vif avec Jean NORTON-CRU, le « censeur » des écrits sur la Guerre de 14-18.


Couverture du livre  Ed de Méyère  Bruxelles
Le dessin n'est pas signé (de Jolinon?)

Le 26 août 1917, Joseph est cité à l'ordre du 370eme RI:


"Présent au front depuis le premier jour de la campagne sans avoir été évacué, n'a jamais cessé de faire son devoir aussi bien en ayant une belle attitude au feu qu'en donnant l'exemple d'une conduite digne d'un soldat de la grande guerre"
Il reçoit la Croix de Guerre avec étoile de bronze.









Suite à ces mutineries (?), le 370ème est dissous le 30 octobre 1917.

Joseph passe au 11eme Bataillon de Chasseurs à pied, le 1er novembre 1917, où il sera toujours téléphoniste. de la 47ème DI.

Le 11ème BCP est mis à disposition de la 47ème DI et est envoyé sur le front
italien  pour soutenir les troupes italiennes en difficulté, notamment au Monte-Tomba.
Le front italien en décembre 1917
Le Monte Tomba

Rentré en France en avril , le régiment est engagé, vers Roye (Somme), pour arrêter l'offensive allemande du printemps 18.

Dès son retour  sur le front, Joseph est affecté dans la compagnie du 8eme Régiment du Génie qui sert la 66ème DI. Il est téléphoniste au PC de la division.

Le 8ème régiment du génie est un régiment télégraphiste-téléphoniste, dont les compagnies sont réparties à raison d'une (sauf exception)  par DI, CA ou Armée.

Le 4 mai, alors que la 66ème DI est rattachée au 5ème Corps de la Ière armée, les combats se déroulent vers Rouvrel (Aisne) dans le bois de Sénécat.

Attaque sur le bois de Sénécat  vers Castel

 Le 23 août, la 66ème DI passe au 30ème CA de la Xème Armée et participe aux combats qui visent à briser la ligne Hindenburg, vers Juvigny.



Le 10 octobre, rattachée au 15ème CA de la Ière Armée, la division  combat vers le
Mont d'Origny au Sud du canal de la Sambre. Le canal sera franchit le 4 novembre.



La Division est à Ham (Somme) quand est signé l'Armistice.

Joseph est démobilisé le 21 mars 1919 par le centre démobilisateur du génie de Mâcon.

Il s'inscrit au Barreau de Lyon mais très vite il préfèrera l'écriture aux plaidoiries du Palais de Justice.

Joseph commence alors une belle carrière littéraire.



Ses ouvrages seront remarqués par 2 prix prestigieux, le prix Renaissance en 1929 pour « Le Joueur de Balle » et le Grand Prix du Roman de l’Académie Française en 1950 pour «  Les provinciaux ».
Il écrira également dans de nombreux journaux,. Il s’intéressera aux sports et pourrait être considéré comme le premier écrivain sportif de la presse écrite.




C’est d’ailleurs au titre des sports, qu’il reçoit le 9 août 1939 la Légion d’Honneur.









Il épousera le 12 juillet 1930 à Lyon 1er, Marie-Louise SEROL. L’un des témoins de son mariage est Gabriel CHEVALLIER, dont l’ouvrage « La Peur » est un des meilleurs livres écrits sur la Guerre de 14-18.


Il meurt le 17 février 1971 à Briant (Saône et Loire).

Dans son livre "Le Valet de Gloire", il fait état de sa douleur quand il apprend la mort de son frère Jean Etienne en 1917.

Jean Etienne, est né le 5 novembre 1895 à La Clayette.
Matricule 435 de la classe 15 du centre recruteur de Mâcon, il part dès le 20 décembre 1914 au 6ème Régiment d'Infanterie Coloniale. (voir fiche Joseph SAILLANT)
Il est tué à Ailles (Aisne) au cours de la bataille du Chemin des Dames le 16 avril 1917.



Le 6ème RIC appartient à la 15ème DIC du 2ème CAC, dans la VIème Armée commandée par le Gal MANGIN.

Il repose à la nécropole nationale de Berry-au-Bac (Aisne) tombe 1908.



 Sources bibliographiques et iconographiques

Archives départementales de la Saône et Loire
Archives municipales de Lyon
SGA  Mémoires des hommes
JMO du 370ème RI   26N 765/1-2
JMO du 11ème BCP   26N  820/2-3
JMO du Génie de la 66ème DI   26N  387/13
Historique du 370ème RI     Imprimerie d'Arcier   Luxeuil    1919
Historique du 8ème Régiment du Génie  Librairie Demange   Angers
Forum, pages14-18  en particulier Didier1418
Base Léonore  (Légion d'Honneur)  Ministère de la Culture
Géoportail
BNF  Gallica   Articles de journaux 
Dictionnaire historique de Lyon   Editions Bachès Lyon 2009
Jolinon (J)   Le Valet de Gloire   Editions RIEDER et Cie  1923
Mathieu( F)   14-18, les fusillés   Editions Sébinot 2013